Duo au bord du ruisseau

Isild porta son choix sur une petite pierre verte et dorée comme le ruisseau et cette forêt. Puis elle le vit faire de même et prendre une pierre blanche, et lui adressa un sourire tendre et affectueux.

Lorsqu'il s'approcha, elle prit délicatement le visage d'Olixius entre ses mains et joignit ses lèvres aux siennes.
Elle voulait se souvenir de ce moment comme une promesse, celle de revenir quoiqu'il arriverait après ce long voyage dont elle ne savait rien. Mais elle reviendrait, et ils pourraient encore venir ici partager ces doux moments et repartir avec de nouvelles pierres, ensemble.

Isild lui rendit un sourire attendri et amusé lorsqu'il porta sa pierre à ses lèvres. Et déposa de même un baiser sur la sienne, son regard plongé dans celui de son amoureux. La promesse était faite.

Oui tu as raison mangeons maintenant, dit-elle enjouée en sortant son butin de sa besace.

Elle étendit une petite nappe de pic-nique sur l'herbe au bord du ruisseau, y déposa du pain, des morceaux de jambon séchés, made in Lio, et quelques fruits.

Voilàààà! Régale-toi! Et disant cela elle s'assit en tailleur pour déguster un peu de viande, un sourire mutin et les yeux rieurs. Pour manger ça elle était pas du genre à se faire prier, gourmande et vorace qu'elle était.

Il lui sourit quand il la vit l'imiter, puis se réjouit carrément quand elle ouvrit sa besace et disposa sur un carré de toile multes mangeailles. Sans attendre il sortit du ruisseau pour la rejoindre, et se laissa tomber en avant, sur ses genoux, en face d'elle. Décidément sans aucune compassion ni même pensée pour ses braies blanches de deuil.

Merchiii, et avec plaisir.

Toujours posé sur ses genoux, il croqua dans un bout de jambon, sans quitter Isild des yeux, ravi de son attention. Au détour d'une bouchée, il leva les yeux autour d'eux, puis regarda le ruisseau avant de revenir sur elle, enchanté par la simplicité de ce doux moment.

En fait, chuis sûr que si on s'était alimenté avant, j't'aurais battue à la course, lui dit-il en riant entre deux planter de canine, avant d'ajouter, Ce jambon est délicieux. Sans doute le meilleur de Bretagne.

Isild lui rendait ses sourires, ravie de le voir si content et profiter goulûment de son casse-croûte.

Elle éclata de rire à sa remarque sur la course et lui pinça une joue toute ronde à mâchouiller du jambon.

A mon retour on en fera une dans les conditions que tu voudras, mais je te préviens, je risque d'être trèèèès en forme à ce moment-là, dit-elle en riant.

Puis elle termina sa collation par quelque abricots, allongée paisiblement sur la nappe en le regardant, les yeux lumineux et souriant.

Mais euhhhh, ma barbe de trois jours, je tiens à ce qu'elle reste impeccable. Être impeccable, c'est ma marque de fabrique, dit-il, rieur, en se redressant, torse nu, des brins d'herbe prisonniers entre ses doigts de pied et ses braies totalement verdies et noircies au niveau des genoux. Et puis, chuis sensible des joues, ajouta-il en la rejoignant sur la nappe en riant.

Mais moi aussi, je serai en pleine forme. Tu vas pas gagner comme ça, dit-il sans espoir qu'elle oublie ces propos, mais en gardant à l'esprit qu'il aura de longues semaines pour s'entraîner, oublier ses charges et revenir à la base, couper, hacher, scier, s'entraîner à l'épée bastarde, et puis penser à elle.
Il se retourne alors et se met sur le dos, et tout en croquant dans un des abricots qu'elle avait prévu et amené,

Où que tu sois, n'oublie jamais que quand on lèvera les yeux, on regardera le même soleil.