Arrivée d'Isild

Oli lui avait demandé dès leur première rencontre de se rendre à Saint Brieuc... de devenir son matelot et qui plus est... l’intendante de sa seigneurie... Isild n’avait pas pour habitude de se poser trop de questions sur ce qu’elle devait ou ne pas faire, mais avec le conflit qui s’était déclaré au Poitou, sa volonté de se rendre utile pour la Bretagne n’avait pas pu se réaliser. Car aux yeux du duché elle demeurait une étrangère pour l’instant, et elle n’était pas encore assez forte pour les combats. Mais elle comptait remédier à cela rapidement et cette rencontre fortuite était une véritable aubaine. D’une certaine manière elle voyait cette proposition comme une opportunité pour aider son pays à travers cette seigneurie qui se trouvait, par bonheur, sur les côtes nord de la Bretagne, comme elle l’avait rêvé.

Sans plus attendre elle se dirigea vers le Château du Plérin et marcha droit vers sa tour. Elle aurait tout le temps de visiter les lieux plus tard, il fallait parer au plus urgent et s’il comptait sur elle pendant qu’il allait au combat pour faire l’intendance il fallait s’en montrer digne.
Elle était pleine d’entrain et d’envie, mais une petite angoisse persistait. Elle n’était qu’une sauvage, une vagabonde. Certes débrouillarde, même plutôt intelligente, mais la vie de Château lui était totalement inconnue. Par quoi commencer? Et comment réagirait les autres personnes qui travaillaient pour lui? Ne la trouveraient-ils pas indigne de cette fonction?

Tout d’un coup elle marqua un temps d’arrêt et braqua ses yeux or et turquoise sur elle-même: sa tenue de voyage peu soignée, ses bottes usées, la poussière et la terre des chemins qui la recouvraient et cachaient complètement sa peau nacrée... Comment pourrait-on l’accepter comme cela dans un château?
Puis comme toujours fidèle à elle-même, elle finit par se dire que si Oli l’avait vu ainsi et acceptée comme telle, alors allons-y! Droit devant et que personne ne l’en empêche! V’là l’intendante m’sieurs dames ça va flamber!

A grandes enjambées énergiques elle arriva aux portes du Château. Pleine d’assurance et d’enthousiasme, ses longues tresses rousses pleines de petits objets curieux cliquetaient comme elle sautillait presque en arrivant. Elle se secoua et gesticula dans tous les sens pour faire tomber la crasse avant que quelqu’un l’aperçoive et de s’annoncer:

Hola du Château!! C’est le Seigneur Olixius de Saintem qui m’envoie!